21,4% des mineurs en France sont suivis au titre de la protection de l’enfance, selon l’Observatoire national de la protection de l’enfance.
Parmi eux, plus de 201 000 font l’objet d’une mesure de placement. Plus que jamais, la protection de l’enfance est une préoccupation majeure de notre société. L’aide sociale à l’enfance (ASE) est un dispositif essentiel pour garantir la sécurité et le bien-être des enfants en danger.
Cette mission repose sur les principes de la bientraitance et de l’intérêt supérieur de l’enfant. Elle implique la mise en place de mesures de protection adaptées à chaque situation. Cependant, l’ASE est souvent critiquée pour son manque de moyens et les dysfonctionnements auxquels elle peut faire face.
Au cœur de cette problématique, il est essentiel de respecter les besoins physiologiques, affectifs et psychologiques des enfants pris en charge par l’ASE.
Il est tout aussi important de prendre en compte leur singularité pour leur offrir un environnement propice à leur développement et à leur épanouissement.
L’action éducative à domicile (AED) et les actions éducations en milieu ouvert (AEMO)
L’action éducative a pour mission de placer l’enfant au centre de toutes les préoccupations et de garantir son droit à une protection de qualité. Cela passe par :
- une évaluation approfondie des besoins de l’enfant,
- la mise en place de mesures de protection adaptées,
- l’accompagnement des parents et
- la prise en compte des droits de l’enfant.
Dans ce contexte, les actions éducatives à domicile (AED) et les actions éducatives en milieu ouvert (AEMO) jouent un rôle essentiel. Ces actions visent à accompagner les enfants et leur famille dans leur milieu de vie naturel.
Elles permettent de répondre aux besoins spécifiques des enfants et de leur famille en matière d’éducation, de santé, de logement, d’insertion professionnelle et sociale. Reposant sur la demande des parents (AED), ou sur décision judiciaire (AEMO), ces actions sont menées par des professionnels de l’ASE, tels que les éducateurs de rue, les travailleurs sociaux et les psychologues. Ces professionnels ont pour mission d’évaluer les besoins de l’enfant et de sa famille, de mettre en place des mesures de protection adaptées, d’accompagner les parents dans leur rôle éducatif et de favoriser l’autonomie de l’enfant.
Dans le cadre de ces actions éducatives, la bientraitance se traduit notamment par la mise en place d’un accompagnement personnalisé, adapté aux besoins de chaque enfant et de chaque famille. Cela implique une écoute active des besoins et des attentes de l’enfant et de sa famille, ainsi qu’une prise en compte de leur culture et de leur environnement. Tout ce travail consiste en l’élaboration du Projet pour l’enfant (PPE) par les services de l’ASE, et à sa déclinaison en Projet personnalisé (ou projet individualisé) au sein des lieux d’accueil de l’enfant.
Le placement, une situation complexe qui implique la protection de l’enfant
Lorsque l’intervention dans le milieu naturel de l’enfant est insuffisante ou inadaptée, le placement est une décision difficile qui doit être prise avec soin et réflexion. Il s’agit d’une situation complexe qui implique la protection de l’enfant, tout en offrant des perspectives d’avenir positives. Les enfants placés sont souvent confrontés à des difficultés multiples, et le placement doit leur offrir un cadre sécurisant, éducatif et bienveillant pour leur permettre de se reconstruire. Les enfants placés ont souvent des antécédents de négligence, de maltraitance, de carences affectives ou éducatives, et ils ont besoin d’accompagnements particuliers pour se reconstruire et se développer.
Le placement est ainsi une mesure de protection de l’enfance qui intervient lorsque la sécurité, la santé ou la moralité d’un enfant est en danger. Il peut être prononcé par un juge des enfants, à la demande des parents, de la famille ou des services sociaux. Décision lourde de conséquences, elle peut affecter son avenir de manière significative. En France, l’État a la responsabilité de garantir la sécurité et la protection des enfants placés, et de leur offrir des perspectives d’avenir. Le placement doit être envisagé comme une mesure temporaire, qui doit permettre aux enfants de retrouver leur famille ou de se reconstruire ailleurs, et non comme une fin en soi. Pour cela, les référents ASE travaillent en collaboration avec les familles et les enfants placés, pour trouver les solutions et prises en charge les plus adaptées à leur situation.
Dans ce cadre, les assistants familiaux jouent un rôle essentiel dans la protection de l’enfance. Ils sont chargés d’accueillir les enfants à leur domicile, en dehors de tout placement en institution et généralement après l’accueil en foyer ou maison d’enfants à caractère social (MECS). Ils sont responsables d’évaluer les besoins de l’enfant et de sa famille, de mettre en place des mesures d’accompagnement et de garantir le respect de la bientraitance. Le soutien des assistants familiaux est capital pour assurer à l’enfant pris en charge un environnement sûr et adapté.
Renforcer les dispositifs adaptés au handicap : un levier incontournable
La stratégie nationale de prévention et de protection de l’enfance (SNPPE) a mis en place des mesures pour répondre aux problématiques croisées de protection de l’enfance et du handicap. Cela inclut la création de dispositifs d’intervention adaptés qui prennent en compte ces besoins spécifiques. Avec des chiffres pouvant atteindre jusqu’à 30% des enfants concernés, il reste cependant beaucoup à faire pour améliorer la protection de l’enfance en situation de handicap.
Les enfants en situation de handicap sont souvent confrontés à des obstacles supplémentaires pour accéder à leurs droits, notamment en raison de la complexité de leurs besoins et des barrières d’accessibilité. Il est donc crucial que les professionnels de la protection de l’enfance soient formés à la prise en charge des enfants en situation de handicap et aux troubles psychiques, afin de garantir des interventions adaptées et inclusives.
Ceci notamment dans l’objectif de favoriser la participation des enfants en situation de handicap dans les décisions qui les concernent, en cohérence avec les recommandations de bonnes pratiques professionnelles (RBPP) de la Haute Autorité de Santé (HAS).
Les professionnels de la protection de l’enfance doivent ainsi travailler en étroite collaboration avec les enfants en situation de handicap, afin de comprendre leurs besoins et de répondre à leurs préoccupations. Cette approche centrée sur l’enfant est essentielle pour garantir une protection efficace et adaptée à tous les enfants, quelle que soit leur situation.
La SNPPE prévoit également la création de nouvelles places d’accueil pour répondre aux besoins spécifiques des enfants en situation de handicap. Cette mesure est essentielle pour garantir que tous les enfants bénéficient d’un accompagnement adapté et de qualité, qui leur permettra de se développer et de s’épanouir dans les meilleures conditions possibles.
La bientraitance et ses défis en protection de l’enfance
Les enfants pris en charge par l’ASE sont parmi les plus vulnérables de notre société. Ils ont besoin d’être rassurés, écoutés et compris. La bientraitance consiste à respecter leur dignité et à leur donner les moyens de s’épanouir et de réussir leur vie. Cela passe par la prise en compte de leurs besoins spécifiques, la reconnaissance de leur voix et la garantie que leurs besoins sont pris en compte. Elle se traduit également par le respect des droits de l’enfant, tels que définis par la Convention internationale des droits de l’enfant. Ces droits incluent notamment le droit à une protection contre toutes formes de violence, le droit à une éducation de qualité, le droit à un logement décent et le droit à une vie familiale.
Malheureusement, la bientraitance en protection de l’enfance n’est pas toujours au rendez-vous. Exigeante, elle implique tout d’abord une coopération étroite entre les différents acteurs de la protection de l’enfance, tels que les professionnels de l’ASE, les parents, les enfants et les institutions partenaires. Cette coopération permet de garantir une prise en charge globale et cohérente de l’enfant, en prenant en compte tous les aspects de sa vie. Sur le terrain, les professionnels de l’ASE sont souvent débordés et manquent de moyens pour mener à bien leur mission. Les enfants pris en charge peuvent alors être confrontés à des carences éducatives et affectives qui peuvent avoir des conséquences sur leur développement.
Pour désengorger les établissements, la bientraitance ne doit pas être l’affaire exclusive des services sociaux. Il est primordial de mettre en place des actions de prévention et d’éducation pour éviter les situations de maltraitance et promouvoir le bien-être des enfants. Cela implique d’intervenir précocement dans les familles en difficulté, d’offrir un soutien à la parentalité adapté et de renforcer les compétences parentales. La prévention et l’éducation sont des leviers clés pour garantir la bientraitance dans la protection de l’enfance. C’est ainsi toute la société qui doit se mobiliser : familles, associations, et institutions. Chacun doit prendre sa part de responsabilité pour relever les défis de la bientraitance en protection de l’enfance.
La bientraitance en protection de l’enfance ne peut reposer sur un seul acteur. Il est nécessaire de favoriser la collaboration entre les différents acteurs impliqués, tels que les services sociaux, les établissements scolaires, les professionnels de santé, les associations et les familles d’accueil. La coordination des actions et la communication entre ces acteurs permettent de garantir une prise en charge globale et cohérente des enfants en danger.
Pour favoriser la démarche de bientraitance et assurer le soutien des équipes, l’analyse des pratiques professionnelles est un axe majeur d’amélioration des conditions de travail. Plus précisément, il s’agit d’un espace et d’un temps donnés, pendant lesquels un expert dans une discipline précise, ayant la qualité de prestataire extérieur à la structure, encadre un groupe de professionnels réunis pour échanger sur une situation de travail, l’analyser, identifier les difficultés rencontrées et faire ainsi évoluer les pratiques. Il s’agit d’un processus de transformation des pratiques professionnelles, élaboré dans une logique de co-construction entre les salariés et l’expert, permettant l’acquisition de connaissances et de compétences, dans une perspective d’amélioration des pratiques. Cela permet d’identifier les points forts et les points faibles du service, de détecter les éventuelles situations de carence et d’apporter des améliorations continues, garantissant un apprentissage collectif à partir de l’analyse de situations.
Conclusion
En conclusion, nous pouvons aborder sous différents aspects le travail de protection de l’enfance, qui est une mission essentielle de notre société. Le placement des enfants en difficulté est une question complexe qui nécessite une analyse attentive de chaque situation individuelle. Il est important de trouver des solutions adaptées aux besoins spécifiques de chaque enfant, en gardant toujours à l’esprit l’objectif ultime de permettre à l’enfant de se développer dans un environnement sûr et propice à son bien-être.
Alors que 40 % des SDF de moins de 25 ans sont des anciens de l’ASE, le respect de la bientraitance est une préoccupation centrale pour le développement de l’enfant. Il est primordial que les enfants placés par l’aide sociale à l’enfance soient traités avec bienveillance et respect, afin de préserver leur sécurité, leur dignité et leur estime de soi. Respecter les besoins spécifiques des enfants pris en charge, renforcer les moyens de l’ASE, former les professionnels de manière continue, mettre en place des dispositifs adaptés et favoriser la collaboration entre les acteurs sont autant de mesures essentielles pour assurer une protection efficace et bienveillante. La prévention, l’éducation et l’évaluation régulière des pratiques sont des leviers clés pour promouvoir la bientraitance et améliorer l’accompagnement des enfants en situation de vulnérabilité.
Pour répondre à ces enjeux, les compétences des professionnels de la protection de l’enfance sont une priorité. Mais à l’heure où les tensions sur les effectifs se font sentir chaque jour un peu plus, comment pouvons-nous garantir que les professionnels de l’ASE sont bien formés, compétents et équipés pour faire face aux défis quotidiens de leur travail ? Quels sont les moyens que nous pouvons mettre en place pour garantir que la formation continue est accessible et efficace pour tous ? Ces questions importantes méritent une action concrète.
Chez SOCIALYS, nous avons à cœur de soutenir les professionnels et proposer des formations adaptées aux problématiques de terrain. Nous comprenons la complexité de la protection de l’enfance qui requiert une connaissance approfondie des différents aspects métiers, ainsi que des compétences essentielles en communication, écoute active, résolution de conflits et gestion de crises. La théorie de l’attachement, le handicap et les troubles psychiques, la vie affective et la sexualité des jeunes en institution, la gestion des fugues, les écrits professionnels, l’élaboration et le suivi des projets éducatifs, ainsi que la relation d’aide et la juste distance professionnelle : autant de sujets que nous avons intégrés dans un parcours de formation complet, professionnalisant et centré sur les fondamentaux de la protection de l’enfance.
Agissons ensemble pour créer un environnement adapté et protecteur de chaque enfant. Pour découvrir tous les détails de ce parcours et améliorer vos accompagnements, demandez-nous le programme !